Du bon usage citoyen et maîtrisé de l'IA ?
(11 fév)
. En cette période de sommet pour une IA en action à Paris, réjouissons-nous que la France valorise ses atouts en faveur de cette révolution technologique. L'Intelligence Artificielle existe depuis les années cinquante, mais l'arrivée des supercalculateurs (dont les algorithmes calculent au rythme de pétaflops, soit 10 puissance 15 calculs par seconde) a permis d'entraîner les modèles sur des quantités gigantesques de données et de faire émerger l'IA générative produisant textes, images et vidéos. Ne laissons pas les États-Unis et la Chine s'emparer seuls de cette technologie, avec leurs principes délétères. Nous avons, en France et en Europe, la capacité d'innovation responsable, par nos cerveaux et par notre conscience politique. La régulation européenne par les risques, grâce à l'IA Act de l'UE, a trouvé le bon équilibre pour interdire et cadrer sans empêcher d'innover.
Ce qui fera la différence désormais pour qu'une IA soit responsable, ce sera le rapport usages vs ressources. Car cette technologie est extrêmement gourmande en énergie -même décarbonée-, en eau, en ressources naturelles et en temps de "petites mains" invisibles qui retraitent les données.
Les premières mesures de l'impact écologique commencent à émerger (1), alors que la mesure de l'impact sur les travailleurs de la data est encore balbutiante. France2 diffuse un documentaire d'Henri Poulain sur ce sujet "Les sacrifiés de l'IA".
Dès lors, quel usage sera fait de l'IA, et comment les autres critères : sobriété, éthique, seront-ils pris en compte ? De la même façon que l'on choisit entre la marche à pied, le vélo, la voiture, le train ou l'avion selon la distance à parcourir, en prenant en compte des éléments tels que le coût, la sécurité et l'impact, il faudra bien arriver à informer l'usager d'IA, individu ou organisation, sur la débauche d'énergie et l'exploitation sociale qu'engendre l'IA, là où un dictionnaire papier ou une requête sur un moteur de recherche ou un logiciel robuste suffiraient. Sensibilisons-le aussi sur l'intérêt de faire fonctionner son cerveau, pour le garder agile. Et, au final, permettons à cet usager de choisir l'outil adapté.
C'est là sans doute que se niche le défi sociétal, écologique et même démocratique du bon usage de cet outil fascinant qu'est l'IA : comment en faire un bon usage, maîtrisé et citoyen.
À En Commun!, nous ouvrons les réflexions sur ce sujet, y compris avec un angle territorial.
(1) l’AIE crée ainsi un Observatoire mondial dédié à l'énergie et l’Intelligence Artificielle.
Voir aussi les travaux Ademe/ Arcep/INRIA sur la mesure de l'impact environnemental du numérique