Vote de la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir, une avancée historique qui devra être complétée.

Agir pour la dignité. C’est un nouveau droit qui vient d’être voté. Une avancée importante, certes partielle, mais qu’il serait injuste de minimiser tant elle était attendue. Permettre aujourd’hui à nos concitoyens de recourir à une aide active à mourir marque une évolution majeure de notre société. C’est un progrès qui respecte les valeurs et convictions de chacun : pouvoir choisir le moment de sa mort, lorsqu’elle devient inéluctable et que la dignité est menacée par une maladie incurable, est une conquête précieuse.
Saluer la ténacité parlementaire. Ce texte, défendu avec conviction par Olivier Falorni, a reçu le soutien de nombreux parlementaires, toutes sensibilités confondues, depuis 2017. Ce long combat acharné a permis son adoption. Les débats tenus ces quinze derniers jours ont été empreints d’une rare dignité. Cela faisait longtemps que les Français n’avaient pas vu l’Assemblée nationale travailler avec une telle sérénité au service de l’intérêt général.

Respecter les travaux de la Convention citoyenne. Nous regrettons cependant que les conclusions issues de cette large consultation citoyenne n’aient pas été pleinement entendues, ni fidèlement reprises dans le texte final.
En commun! déplore notamment que l’aide active à mourir se limite au suicide assisté, écartant l’euthanasie, essentiellement pour préserver une partie du corps médical qui refuse d’accomplir un geste actif. Pourtant, de nombreux professionnels – médecins, infirmiers, soignants – sont disposés à accompagner les patients jusqu’au bout, dans le respect de leur volonté d’en finir avec la souffrance. Il est essentiel de rappeler que mourir n’est pas un acte médical, mais un moment de vie qui requiert un accompagnement médicalisé, discret mais indispensable : une préparation létale, une injection ou une ingestion, sous surveillance, pour permettre un départ paisible, entouré des siens.

En commun! regrette également que le texte n’ait pas intégré la possibilité de faire valoir les directives anticipées des personnes devenues inconscientes à cause de leur pathologie. Ce choix aurait permis de garantir le respect de leur volonté, même lorsque leur voix ne peut plus se faire entendre. 

Enfin, un regret majeur subsiste : le refus d’ouvrir ce droit aux mineurs de plus de 16 ans. Certains adolescents, pleinement conscients et confrontés à une souffrance physique et psychique insupportable, méritaient au moins que leur situation soit considérée. Ne pas leur offrir la possibilité, encadrée et encadrable, de bénéficier de ce droit, constitue un angle mort du texte que nous ne pouvons ignorer. La maturité d’un jeune de 16 ans face à une maladie incurable et à une fin de vie imminente ne peut être balayée par principe.
En commun! a formulé, par la voix de sa parlementaire Stella DUPONT, plusieurs amendements constructifs. Aucun n’a été retenu. Nous respectons la décision de l’Assemblée nationale, mais grande est notre déception. Nous espérions une grande loi, profondément humaniste et audacieuse. Ce ne sera qu’une première étape : un texte encore trop restrictif, mais qui ouvre enfin la voie à l’ultime liberté, celle de mourir dans la dignité.

Nous appelons désormais le Sénat à se saisir de cette avancée, à l’améliorer sans la dénaturer, pour que ce nouveau droit devienne, pour toutes et tous, une réalité.
 
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